
CNRD 2016
Résister par l’art et la littérature
« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. »
André Malraux (1901-1976)
GALERIE
RESISTANTE
Joseph Steib
De 1939 à 1945, de la « drôle de guerre » à la libération, Steib, formé à l'école des miniaturistes, a peint une série de tableaux qui représentent, toile par toile, les effets d'une guerre qu'il ne trouvait pas drôle, et la charge la plus violente jamais peinte contre les horreurs du nazisme. Il a fait cela au péril de sa vie et de celle de sa femme. Une seule oeuvre découverte, et ils étaient brûlés vifs, enveloppés dans les toiles. Il suffit de regarder ce qu'il a osé peindre pour comprendre aussitôt qu'il n'aurait pu en aller autrement. Or, Steib savait cela. Lui, petit employé de mairie, peintre presque amateur, mais à la façon du douanier Rousseau, il n'a pas reculé devant le danger de mort. Peintre ou héros ? Héros sans aucun des traits attribués à cette espèce : il était quelconque. Petit bourgeois, rangé, il passait pour un esprit faible, un homme maladif, une sorte d'individu sans importance. Alors qu'il peignait tranquillement Hitler et les généraux nazis, tels qu'en eux-mêmes, effrayants et ridicules : des grotesques. Peut-être la ruse suprême de Steib aura-t-elle été de se faire passer pour un insignifiant imbécile. Il avait dû deviner, signe d'intelligence très subtile, que c'était encore le meilleur moyen de se rendre invisible et, comme c'était pour lui une question de vie ou de mort que de ne pas se faire remarquer, il aura maîtrisé jusqu'au bout la partie redoutable qu'il a gagné.
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